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marussie
29 juin 2014

Philippe Pégorier est directeur d’Alstom Russie

Philippe Pégorier est directeur d’Alstom Russie et a récemment été élu président de l’Association of European Businesses (AEB). Bordelais ayant vécu tour à tour en Russie et en Ukraine depuis les années 1980, il constitue à la fois un véritable pilier de la communauté française à Moscou et un pont entre les cultures russe et française.

LCDR : Vous étiez au dernier Forum économique de Saint-Pétersbourg, que certaines grandes sociétés occidentales ont décidé de bouder.

P.P. : Oui, mais l’ambiance était bonne. Il y avait certes moins de PDG américains ou allemands, mais du coup, les responsables russes étaient plus disponibles pour les Français présents ! Comme dit un proverbe russe, « C’est dans le besoin que l’on reconnaît ses amis », et ce forum était très réussi – il permet de faire se rencontrer les dirigeants de grandes entreprises, les autorités russes, les oligarques, les hommes politiques… et même Vladimir Poutine.

LCDR : La France n’a donc pas tenté de bloquer la participation de ses entreprises à l’événement ?

P.P. : Non, il n’y avait aucune restriction : l’ambassadeur de France y était, celui de l’Union européenne aussi, d’ailleurs. Vous savez, les Français n’aiment pas les pressions – même si eux n’avaient pas voulu participer, il suffisait d’un coup de fil de Washington leur demandant de s’abstenir pour qu’ils y aillent !..

LCDR : Russes et Français sont-ils des partenaires privilégiés ?

P.P. : Les Russes nous aiment bien, mais nous comprennent mal, et nous aussi, nous les comprenons mal.

LCDR : Qu’est-ce que les Russes comprennent mal ?

P.P. : L’évolution globale que suit l’Union européenne. L’incompréhension est sociétale – nos sociétés évoluent de manière différente et c’est assez mal perçu des deux côtés. Il faut savoir expliquer son système de valeurs. Les Russes parlent d’ailleurs du leur de façon assez ouverte, mais il y a de moins en moins de gens, actuellement, capables de faire le pont avec la France. Car même si les Français ont une certaine fascination pour la Russie, ils se heurtent un peu à ce qu’on leur dit d’elle, et ils sont moins nombreux qu’avant à parler russe.

LCDR : Que faut-il leur dire alors ?

P.P. : Il faut leur expliquer l’Histoire… et puis il y a aussi cet argument béton : quand vous expliquez aux Français que l’impôt sur le revenu en Russie est à 13 % (rires) !

LCDR : Quels sont les autres sujets d’incompréhension ?

P.P. : La forme de l’autorité : nos entreprises à nous fonctionnent selon un système matriciel, alors qu’en Russie, il est pyramidal. Être entre les deux n’est pas simple. Mais c’est un défi intéressant.

LCDR : Quels conseils donnerais-tu à un Français, un Espagnol et un Allemand qui voudraient faire du business en Russie ?

P.P. : Je dirais à l’Espagnol – et aussi au Français – de respecter la hiérarchie : le Russe a le sens de l’ordre, de la pyramide hiérarchique. Les Allemands comprennent ça très bien. À l’inverse, je dirais à l’Allemand de « se lâcher » un peu, de se détendre : le Russe, par certains aspects, se rapproche tantôt de la culture latine, tantôt de la germanique. C’est un Espagnol derrière qui se cache un Allemand !

 

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marussie
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