La Rada [le Parlement ukrainien] a franchi une étape majeure en approuvant à une large majorité (254 députés sur 305) “l’interdiction de la propagande totalitaire”.

“La loi, précise le quotidien Den, condamne les régimes totalitaires communiste et nazi et interdit leur propagande et leurs symboles. […] Le texte reconnaît que le régime communiste totalitaire de 1917 à 1991 en Ukraine a appliqué une politique de terrorisme d’Etat, d’où l’interdiction de la propagande et des symboles communistes. Tous les emblèmes, toute la propagande favorable au fascisme et au national-socialisme et à leurs valeurs, toute activité de groupes nazis et fascistes sont également interdits en Ukraine.”

Le quotidien nationaliste Oukraïna Moloda, rappelant qu’il s’agit plus d’une “désoviétisation” que d’une “décommunisation”, se félicite de ces mesures, mais souligne, par la voix du député Youri Loutsenko, un des auteurs du texte, que “cette loi n’interdit pas l’idéologie, car cela est inacceptable dans un pays démocratique. Cette loi interdit tout embellissement d’un régime totalitaire, qu’il soit fasciste, communiste ou autre. L’Ukraine est hostile à tous les régimes totalitaires et les condamne.”

Des héros de la lutte nationale

La nouvelle loi rétablit par ailleurs les anciens combattants de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (partisans nationalistes qui ont combattu les nazis et les Soviétiques de 1942 à 1950) dans leur statut de “héros nationaux”, qui leur avait été accordé par le président Viktor Iouchtchenko après la “révolution orange” de 2004. En 2010, son successeur, le président Viktor Ianoukovitch, avait annulé cette décision.

Pour le quotidien de Lviv Vissoki Zamok, il était grand temps. “En effet, des héros !” s’enthousiasme-t-il en titre. Et cela ne concerne pas que les années 1940. “La loi considère comme héros de la lutte nationale les soldats de la république populaire d’Ukraine [indépendante de 1917 à 1920], […] et les membres ukrainiens de l’Union d’Helsinki [à partir de la fin des années 1970].”

Reste à savoir ce que donnera l’application de cette loi au quotidien, au-delà de la destruction des dernières statues de Lénine que l’on peut encore rencontrer. Car un grand nombre de villes, dans tout le pays, portent encore des noms hérités de l’époque communiste. Il faudra donc les rebaptiser. Or, en particulier le long du Dniepr, beaucoup avaient été fondées par les Russes au XVIIIe siècle, alors qu’ils progressaient vers la Crimée en repoussant les Turcs et les Tatars.

Autrefois, c’étaient par conséquent des noms de tsars et de tsarines qu’elles portaient. Et avant, elles n’existaient tout simplement pas.