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marussie
9 janvier 2012

les écrivains français et la Russie

A l'occasion de l'année France-Russie, seize écrivains français avaient alors été invités à bord du train Blaise-Cendrars, destination Vladivostok. A leur retour, ils ont publié des récits de voyage, des romans, des rêveries intimistes, tous hantés par cette inépuisable terre d'inspiration, révélée pour certains, renouvelée pour d'autres. Parmi eux, Maylis de Kerangal (Tangente vers l'est), Sylvie Germain (Le Monde sans vous), Olivier Rolin (Sibérie). Dominique Fernandez (Transsi­bérien), Mathias Enard (L'Alcool et la Nostalgie), ou encore Danièle ­Sallenave (Sibir)... Sans être de ce périple ferroviaire, d'autres ont écrit sous influence russe, transcendant avec brio le genre du récit de voyage : outre Emmanuel Carrère (Limonov) se sont distingués Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie), Cédric Gras (Vladivostok, Neiges et moussons), Eric Faye et Christian Garcin (En descendant les fleuves), la Québécoise Astrid Wendlandt (Au bord du monde), ou la Suissesse Aude Seigne (Chroniques de l'Occident nomade).

Une même volonté de tordre le cou aux clichés unit cette quinzaine de livres. Tous ces écrivains ont découvert la Russie un jour récent ou plus ancien, forts d'images fondatrices, d'impressions volées, d'idées préconçues, de rêves invérifiables. Pour Maylis de Kerangal, ce fut « l'armée Rouge qui défile sous la neige devant le Kremlin, et Brejnev qui salue comme un automate, la chapka bien enfoncée sur la tête. Et encore la scène de l'aveuglement au tison de Michel Strogoff, vue dans un feuilleton qui passait le mercredi après-midi. Ces premiers contacts m'inquiètent et m'intriguent : Russie, pays tragique, territoire immense de l'autre côté du rideau de fer ».

“Quand je vois un bouleau et un bulbe, je me sens
à la maison. Rilke le dit, je ne sais plus où :
‘Que la Russie soit ma patrie est une
des mystérieuses certitudes dont je vis.’”

Sylvain Tesson

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Le Transsibérien en gare. Photos : Kyle Taylor sous licence CC BY 2.0.

A l'heure où la Russie se réveille, se révolte et se rappelle à nous, on dirait que Died Maroz, le « Grand-Père Gel » des contes russes, a jeté un sort à la littérature française. Peu à peu, des jaquettes enneigées, ouvertes sur des espaces infinis, marquées de ronds de verre de vodka ou striées de rails ferroviaires postsoviétiques, se sont multipliées sur les tables des ­libraires. Pourquoi cette résurgence d'une russophilie française que l'on croyait endormie depuis la fin de l'empire des tsars ? D'où vient ce besoin de marcher sur les traces des grands écrivains français d'autrefois qui rapportèrent de leurs voyages en Russie des écrits piquants, flamboyants, fascinés ? Alexandre Dumas, Mme de Staël, Custine, Théophile Gautier, Balzac ou Diderot (qui écrivit avec délices comment Catherine II lui fit confectionner un manchon d'enfant doté d'une chaîne en or pour qu'il puisse l'attacher à sa boutonnière et ne pas le perdre !) : tous répondirent à l'appel de Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiev, Berditchev, ou Nijni-Novgorod...

Pour beaucoup d'auteurs d'aujourd'hui, le déclic s'est produit dans un compartiment du Transsibérien, entre le 28 mai et le 14 juin 2010. A l'occasion de l'année France-Russie, seize écrivains français avaient alors été invités à bord du train Blaise-Cendrars, destination Vladivostok. A leur retour, ils ont publié des récits de voyage, des romans, des rêveries intimistes, tous hantés par cette inépuisable terre d'inspiration, révélée pour certains, renouvelée pour d'autres. Parmi eux, Maylis de Kerangal (Tangente vers l'est), Sylvie Germain (Le Monde sans vous), Olivier Rolin (Sibérie). Dominique Fernandez (Transsi­bérien), Mathias Enard (L'Alcool et la Nostalgie), ou encore Danièle ­Sallenave (Sibir)... Sans être de ce périple ferroviaire, d'autres ont écrit sous influence russe, transcendant avec brio le genre du récit de voyage : outre Emmanuel Carrère (Limonov) se sont distingués Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie), Cédric Gras (Vladivostok, Neiges et moussons), Eric Faye et Christian Garcin (En descendant les fleuves), la Québécoise Astrid Wendlandt (Au bord du monde), ou la Suissesse Aude Seigne (Chroniques de l'Occident nomade).

Une même volonté de tordre le cou aux clichés unit cette quinzaine de livres. Tous ces écrivains ont découvert la Russie un jour récent ou plus ancien, forts d'images fondatrices, d'impressions volées, d'idées préconçues, de rêves invérifiables. Pour Maylis de Kerangal, ce fut « l'armée Rouge qui défile sous la neige devant le Kremlin, et Brejnev qui salue comme un automate, la chapka bien enfoncée sur la tête. Et encore la scène de l'aveuglement au tison de Michel Strogoff, vue dans un feuilleton qui passait le mercredi après-midi. Ces premiers contacts m'inquiètent et m'intriguent : Russie, pays tragique, territoire immense de l'autre côté du rideau de fer ».

“Quand je vois un bouleau et un bulbe, je me sens
à la maison. Rilke le dit, je ne sais plus où :
‘Que la Russie soit ma patrie est une
des mystérieuses certitudes dont je vis.’”

Sylvain Tesso

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marussie
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