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marussie
2 mars 2015

La liste des assassinats politiques s'allonge

Le harcèlement, la prison, l'exil, mais aussi la mort. Avec l'assassinat de l'ancien vice-premier ministre Boris Nemstov, dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou, la liste des morts d'opposants au Kremlin depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'est encore allongée.

Mis sur écoute, plusieurs fois interpellé, perquisitionné, Boris Nemstov se savait physiquement menacé ; il avait d'ailleurs confié il y a une quinzaine de jours à l'hebdomadaire Sobesednik sa peur d'être assassiné. Non sans raison : en Russie, et même à l'étranger, nombre de personnalités politiques, journalistes ou activistes ont payé de leur vie leur opposition au Kremlin. Voici quelques-uns des principaux noms d'une liste qui en comporte des dizaines d'autres :

  •  « Novaïa Gazeta », le journal martyr

 Le 7 octobre 2006, la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, 48 ans, qui dénonçait notamment les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie et l'autoritarisme de Vladimir Poutine dans le journal Novaïa Gazeta, est tuée par balles dans le hall de son immeuble à Moscou.

Manifestation en hommage à la journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006 dans son immeuble à Moscou.

Lire notre sélection d'archives : 7 octobre 2006 : assassinat d'Anna Politkovskaïa

Cinq suspects – dont quatre Tchétchènes – ont été jugés et reconnus coupables du meurtre en 2014, mais le commanditaire de l'assassinat court toujours, et son nom n'a jamais été publiquement évoqué.

Six autres journalistes ou collaborateurs de Novaïa Gazeta ont été tués entre 2000 et 2009, dont Natalia Estemirova, 50 ans, qui a succédé à Anna Politkovskaïa. Egalement militante des droits de l'homme et représentante en Tchétchénie de l'ONG Memorial, elle est enlevée le 15 juillet 2009 à Grozny et retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local.

Le 19 janvier 2009 Stanislas Markelov, 34 ans, et Anastassia Babourova, 25 ans, sont tués par balle en pleine rue à Moscou alors qu'ils sortaient d'une conférence de presse.

  • La mort, jusqu'à l'étranger

 Menacés, certains, au fil des années, ont opté pour l'exil. Mais s'installer loin de la Russie ne protège pas pour autant de la mort.

Alexandre Litvinenko, lors d'une conférence de presse, le 17 novembre 1998, lorsqu'il était encore un officier des services secrets russes.

Le 23 novembre 2006, un ancien agent des services de renseignement russes collaborant avec le MI6 britannique, Alexandre Litvinenko, meurt, empoisonné au polonium, après avoir pris le thé avec deux hommes d'affaires et ex-agents du KGB.  « Les salauds m'ont eu (...) mais ils n'auront pas tout le monde », a-t-il déclaré avant de mourir.

En mai 2007, le Royaume-Uni demande à la Russie d'extrader l'un des deux hommes, Andreï Lougovoï, mais le parquet général russe rejette la demande en invoquant la constitution russe, qui ne prévoit pas de possibilité d'extradition de nationaux vers d'autres Etats.

L'affaire Litvinenko provoque alors une forte détérioration des relations entre la Russie et la Grande-Bretagne, qui expulsent mutuellement plusieurs diplomates.

En mars 2013, c'est l'ex-oligarque et milliardaire Boris Berezovski, 67 ans, réfugié au Royaume-Uni après être entré en conflit avec Vladimir Poutine, qui est retrouvé mort dans la salle de bain de sa résidence d'Ascot (sud-ouest de Londres), un morceau de tissu autour du cou. L'enquête s'abstient de trancher entre assassinat et suicide, une hypothèse rejetée par son entourage.

Lire (en édition abonnés) : Boris Berezovski portait les secrets de la Russie post-soviétique

L'ancien oligarque russe Boris Berezovski, retrouvé mort samedi 23 mars dans sa propriété d'Ascot.

Ancien proche de Boris Berezovski, le député et président du parti Russie libérale, Sergueï Iouchenkov, 52 ans, est abattu le 17 avril 2013 avec un pistolet muni d'un silencieux à l'entrée de son immeuble à Moscou.

L'OPPOSITION DÉNONCE UN MEURTRE ET APPELLE À MANIFESTER

La mort de Boris Nemstov a de nouveau créé un choc. De Paris, où le président français François Hollande a dénoncé un « assassinat odieux », à Washington, qui a exhorté Moscou « à rapidement mener une enquête impartiale et transparente », les réactions des capitales occidentales se sont succédé.

Alors que Vladimir Poutine parle à la provocation, l'opposition dénonce un assassinat : « Savoir si Poutine a donné l'ordre d'assassiner Boris Nemtsov n'est pas le véritable point. C'est sa dictature. Sa propagande perpétuelle sur les ennemis de l'Etat », a twitté le joueur d'échecs Garry Kasparov.

Boris Nemstov avait appelé, trois heures avant sa mort, à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole.

Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser à la place une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, en mémoire de l'opposant.

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marussie
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