Russie. Khodorkovski de nouveau convoqué par la justice
Mikhaïl Khodorkovski en juin 2015. PHOTO JIM WATSON / AFP
Le feuilleton Ioukos va-t-il connaître un nouvel épisode ? C’est ce que laisse entendre une convocation visant l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, que les enquêteurs russes ont remis, le 7 décembre, au père de celui-ci, à son domicile moscovite.
Exilé à l’étranger depuis sa libération de prison en 2013, après avoir purgé dix ans pour “vol par escroquerie à grande échelle” et “évasion fiscale”, Khodorkovski est cette fois soupçonné par la justice d’être le commanditaire de l’assassinat d’un maire il y a 17 ans.
“La justice russe a émis un mandat d’arrêt fédéral à l’encontre de l’ex-dirigeant de Ioukos et projette d’émettre un mandat d’arrêt international”, rapporte le journal RBC-Daily, s’appuyant sur les informations de l’agence russe Interfax. Kulle Pispanen, la porte-parole de l’homme d’affaire, a de son côté déclaré que celui-ci “ne comptait pas revenir en Russie”, ajoutant qu’un retour dans son pays “serait suicidaire”.
Le Comité d’enquête de Russie soupçonne Khodorkovski d’avoir commandité le meurtre de Vladimir Petoukhov, maire de Nefteïougansk, où était installée une ancienne filiale du groupe Ioukos. “Il a été fusillé avec un pistolet-mitrailleur, le 26 juin 1998, alors qu’il se rendait au travail. Le fonctionnaire était en conflit avec la compagnie Ioukos sur la question des impôts qu’elle devait payer pour contribuer au budget municipal”, précise le journal Kommersant.
Plusieurs personnes ont déjà été condamnées dans cette affaire, dont Alexeï Pithcouguine, ancien responsable du service de sécurité de Ioukos. L’affaire a été relancée l’été dernier en raison de “nouveaux éléments” découverts par les enquêteurs, précise le journal.
Le quotidien Nezavissimaïa gazetta s’interroge sur les raisons de ce nouveau tournant de l’enquête. Est-il le résultat des lourdes condamnations de la Russie dans l’affaire Ioukos, ou bien l’activité de sa fondation Open Russia, lancée en 2014 pour soutenir la société civile russe, ou encore la prochaine campagne pour les élections législatives qui se tiendront en septembre 2016 ? “Dans ce contexte, la pression sur l’ex-chef de Ioukos peut être interprétée comme une sorte d’avertissement en raison d’une activité trop importante”.